Les « Amis des Grands Voiliers », Michel Balique, « No Shtandart In Europe » et le gaz russe de Yamal

Michel Balique, chevalier de l'ordre du Mérite maritime et président de l'association "Les amis des grands voiliers", recommande à ceux qui s'opposent au contournement des sanctions européennes par le navire Shtandart d'étudier l'article d'Hervé Chambonnière traitant de la maintenance des super-méthaniers brise-glace de Yamal à Brest.
Michel Balique, chevalier de l’ordre du Mérite maritime et président de l’association « Les amis des grands voiliers », recommande à ceux qui s’opposent au contournement des sanctions européennes par le navire Shtandart d’étudier l’article d’Hervé Chambonnière traitant de la maintenance des super-méthaniers brise-glace de Yamal à Brest. Ici, il est répondu de façon circonstanciée et documentée concernant cette activité du chantier Damen, partie intégrante du trafic qui finance les crimes de guerre russes en Ukraine.

  1. Un scoop de Michel Balique ?
  2. Ignorance, « whataboutism » et « double standard »
  3. Le GNL, nerf de la guerre génocidaire russe
  4. L’imposture du russe Martus, « Victime de Poutine au même titre que les Ukrainiens »
  5. La lutte contre l’argent du gaz russe sinistrée par le Shtandart, une honte française qui n’en finit pas
  6. Que comptent faire Michel Balique et les « Amis des Grands Voiliers » contre le financement de la guerre par Elengy, Engie et TotalEnergies  ?
  7. Que pouvons-nous faire de plus ?
  8. Pièces jointes

1. Un scoop de Michel Balique ?

Voici un article du Télégramme que les adversaires du Shtandart seraient bien avisés d’étudier…

Titre Le Télégramme : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Email de Michel Balique, président de l’association « Amis des Grands Voiliers », dimanche 15 décembre 2024, 16 h 32 

Le texte de l’article est en pièce jointe.

« La venue du Shtandart, simple réplique d’une frégate russe du XVIIIe siècle, aux fêtes maritimes de Brest, l’été dernier, avait soulevé une polémique de tous les diables. Des moyens conséquents avaient été engagés pour l’empêcher d’accoster. Là, alors que cela ne relève pas du symbolique et qu’on est même sur du très lourd, pas un mot. Personne ne bronche… »

Hervé Chambonnière et Stéphane Jézéquel sur Le Télégramme, 15/12/2024 – « Légal, mais parfaitement immoral » : ces navires au service de la Russie accueillis à Brest

Pour certains, l’ignorance tient lieu de culture. En clair, ce qu’ils ne connaissent pas, ou refusent de connaître, n’existe pas. Rien de nouveau, Lacan parlait de « la passion de l’ignorance ». On a attribué à Lénine le concept d’ « idiots utiles. Michel Audiard usait, quant à lui, d’une formule lapidaire et irrévérencieuse, qu’on ne répétera pas ici. Michel Balique nous en offre un nouvel exemple.

2. Ignorance, « whataboutism » et « double standard »

Tout d’abord, rappelons que le navire russe Shtandart, aujourd’hui sous pavillon de complaisance, est interdit dans les ports français depuis le 16 avril 2022. Cette interdiction portuaire a été confirmée par le Conseil européen, le 24 juin 2024.

Commission européenne : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Courrier de la Commission européenne

Cette interdiction portuaire a aussi été confirmée par des arrêtés préfectoraux de l’été 2024 (Finistère, Manche et Ille-et-Vilaine), par une ordonnance du tribunal administratif de Rennes, le 11 juillet 2024, et par un arrêt du Conseil d’Etat, le 18 novembre 2024.

Le collectif « No Shtandart In Europe » ne fait que demander, depuis juin 2022, l’application de la loi.

Malheureusement, l’importation du gaz naturel liquéfié (GNL) russe est légale en ce qui concerne l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne. Ce sont les transbordements et les réexportations vers les pays tiers qui sont interdits. Le 14e volet des sanctions l’a, hélas, rappelé. À ce titre, nous ne pouvons que conseiller, à ceux qui voudraient s’exprimer pertinemment sur le sujet, de lire la Décision PESC – 2024/1744 et le Règlement (UE) 2024/1745.

(10) La Russie tire d’importantes recettes de la vente et du transport de gaz naturel liquéfié (GNL). La décision (PESC) 2024/1744 interdit les services de rechargement sur le territoire de l’Union aux fins d’opérations de transbordement lorsque ces services sont utilisés pour transborder du GNL russe, sauf lorsque ces transbordements sont à destination des États membres.

Ladite interdiction s’applique à la fois aux transferts de navire à navire et aux transferts navire-terre, ainsi qu’aux opérations de rechargement. Les services accessoires en lien avec ces transbordements sont également interdits.

L’interdiction n’a pas d’incidence sur les importations dans l’Union ni sur la sécurité d’approvisionnement des États membres. La Commission devrait suivre l’évolution de la situation en matière de GNL liée à l’interdiction et en rendre compte au Conseil, et proposer des mesures d’atténuation en cas de développements importants dans ce domaine.

Considérant (10), Règlement (UE) 2024/1745 du 24/06/2024

3. Par dérogation aux interdictions énoncées aux paragraphes 1 et 2, les autorités compétentes peuvent autoriser les services de rechargement aux fins d’opérations de transbordement de gaz naturel liquéfié relevant du code NC 2711 11 00, originaire de Russie ou exporté de Russie, si un tel rechargement est nécessaire à son transport vers un État membre et si cet État membre a confirmé que le transbordement sert à assurer l’approvisionnement énergétique dans ledit État membre.

Paragraphe 3 de l’article 3 novodecies , Règlement (UE) 2024/1745 du 24/06/2024

On ne peut donc pas mettre sur le même plan l’importation autorisée du gaz de Yamal avec la fraude du Shtandart parrainée par les « Amis des Grands Voiliers». Le parallèle effectué ici par Michel Balique, président de cette association, relève bien du « whataboutism » et de l’invocation fallacieuse du « double standard». Ce sont des techniques largement exploitées par les trolls pro-poutine et/ou les trolls de la fachosphère. Ces sophismes sont aussi partie intégrante de la stratégie du réseau d’influence du Shtandart, un grand classique de la propagande russe : créer la confusion et la perte de repères dans l’opinion, afin que plus personne ne puisse démêler le vrai du faux. On se souvient des circonstances dramatiques de la destruction du vol MH17 et comment la Russie a poussé à son paroxysme la confusion des narratifs afin que toute explication, même fondée et sourcée, soit jugée douteuse.

Sans avoir eu besoin d’attendre les injonctions du lobbyiste du Shtandart, les activistes pro-Ukraine de Bretagne sont choqués par les travaux effectués chez Damen Brest sur les super-méthaniers russes, qu’ils soient ou ne soient pas sous pavillon de complaisance. Ils connaissaient déjà l’article du Télégramme « découvert », le 15 décembre 2024, par Michel Balique. Ce texte apporte peu d’éléments nouveaux par rapport à l’enquête de l’ONG Disclose publiée le 22 octobre précédent, soit près de deux mois avant la parution du Télégramme.

Disclose 22/10/2024 – Brest : les discrètes réparations des navires qui livrent le gaz russe à travers le monde.

Toutefois, la publication du 15/12/2024 sur Le Télégramme, un média grand public à fort impact régional, est une aide précieuse en termes de mobilisation. Le collectif « No Shtandart In Europe » en est très reconnaissant aux journalistes Hervé Chambonnière et Stéphane Jézéquel. Il les en remercie vivement.

Damen 1 : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Dans les deux heures qui suivent sa publication, l’article du Télégramme sur Damen Brest commence à circuler.
Damen 2 : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Après avoir été partagé dans le groupe WhatsApp des associations ukrainiennes de la Bretagne historique, l’article bascule dans le groupe national. Puis il va sur BlueSky et Twitter.

Dans l’immédiat, nous ne voyons guère comment il serait légalement possible de s’opposer aux travaux effectués chez Damen Brest sur les méthaniers russes. Il ne resterait, à notre avis, que trois options :

  1. Prouver qu’ils sont encore sous pavillon russe. Alors l’application du paragraphe 1 de l’article 3 sexies bis du Règlement (UE) n° 833/2014 pourrait être invoquée ;
  2. Prouver qu’ils ont échangé leur pavillon russe contre celui d’un autre pays après le 24/02/2022. Alors l’application du paragraphe 2 de l’article 3 sexies bis du Règlement (UE) n° 833/2014 pourrait être invoquée ;
  3. Montrer qu’ils figurent parmi les navires listés à l’annexe XLII du Règlement (UE) n°833/2014.

En disposant de capacités d’investigation qui n’appartiennent pas à un collectif relevant de la société civile, il faudrait, peut-être, vérifier que les dits navires ne sont pas la propriété de personnes ou d’entités listées dans le Règlement (UE) n° 833/2014 ou qu’ils ne transportent pas, en plus du GNL, des biens interdits par le même Règlement (UE) n°833/2014.

Ceci étant dit, si Michel Balique est capable de démontrer que la réparation navale des méthaniers russes, sous pavillon de complaisance, est interdite par le Règlement UE n°833/2014, nous l’accueillerons en tant que membre d’honneur du collectif « No Shtandart In Europe ». Il sera, peut-être, même possible de lui obtenir un remerciement officiel de la part des autorités ukrainiennes.

En ce qui concerne l’auteur de ces lignes, dès le début de 2019, soit il y a près de six ans, j’ai alerté les politologues sur le terminal GNL de Montoir. J’ai procédé de même avec les journalistes de la presse nationale. Je leur ai, de plus, proposé de les y accompagner, voire de louer une embarcation pour photographier les super-méthaniers brise-glace depuis l’estuaire de la Loire, afin de produire un reportage complet. J’appelais le terminal GNL de Montoir le Nord Stream 2 français. Il est peu de dire que je prêchais dans la quasi indifférence générale.   

Nicolas Tenzer 1 : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
7 février 2019, réponse à Nicolas Tenzer sur Nord Stream 2 et Yamal
Galia Ackerman : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
21 janvier 2021, réponse à Galia Ackerman sur Nord Stream 2 et Yamal
RFI : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
8 février 2019, des journalistes de médias nationaux sont invités à rendre compte des livraisons de gaz russe par les super-méthaniers brise-glace. Ici message à une journaliste de Radio France internationale (RFI).

Depuis lors, les Nord Stream 1 et 2 ont été mis hors service. Le terminal de Montoir, quant à lui, tourne à plein régime, dans la plus grande discrétion, à contrario de la tempête causée par les gazoducs russo-allemands aujourd’hui à l’arrêt. Pourquoi ?

3. Le GNL, nerf de la guerre génocidaire russe

À partir du 24 février 2022, l’urgence fut l’accueil des réfugiés et l’envoi de secours, rapidement après le déclenchement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. Dans le même temps, Michel Balique démarchait les organisateurs de festivals maritimes pour le compte du Shtandart russe, au nom de l’association « Amis des Grands Voiliers ». Mais nous avons, malgré tout, mis en cause Elengy, l’importateur du GNL russe, qui finance la guerre de Poutine. Pour ce faire, nous avons utilisé, entre autres, la page Facebook de « No Mistrals for Putin ». 

Nicolas Tenzer 2 : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
9 mars 2022, on ne parle toujours pas de Montoir
Ouest France : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
11 mars 2022, « No Mistrals for Putin » FB
No Mistrals for Putin : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
15 mars 2022 Couverture de « No Mistrals for Putin » FB

Le samedi 12 mars 2022, devant un millier de personnes lors d’une manifestation à Nantes, j’ai interpellé l’assistance. J’ai annoncé que nous pouvions, localement, contribuer de façon significative à l’arrêt de la guerre en demandant aux dockers de Montoir qu’ils refusent de décharger le gaz russe. 

Le trotskiste François Preneau a fait en sorte que la CGT détourne cette proposition en lançant une micro-grève, le mercredi 16 mars 2022, dans tous les ports français, entre 12 h 00 et 13 h 00, c’est-à-dire pendant la pause repas. Comme si le non-déchargement du poisson à Lorient ou à Concarneau pouvait avoir un quelconque impact sur la fin de l’invasion russe en Ukraine. Voilà un effet d’annonce qui n’a profité qu’à la CGT sans perturber la russophilie du promoteur de l’événement ni gêner en quoi que ce soit le régime russe. Il s’agit d’un des nombreux exemples de « soutiens à l’Ukraine » qui ne sont que des faux-semblants. L’affaire du Shtandart en est, à elle seule, un riche catalogue. 

Les entreprises françaises continuent leurs affaires avec la Russie.

Yaroslava : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
16 mars 2022, les entreprises françaises continuent leurs affaires avec la Russie.

Elengy a réagi à sa mise en cause dans le financement de la guerre russe.

On se souvient du coup de fil de Christine Wasser, chargée de communication d’Elengy, qui exigeait que les informations la concernant soient supprimées bien qu’elles figuraient publiquement sur le site de l’entreprise. Elle le justifiait en disant que sa société « soutenait l’Ukraine ». On y reviendra par la suite. En revanche, questionnée à deux reprises, elle a, à chaque fois, refusé de dire qu’elle condamnait la guerre russe en Ukraine.

elengy Facebook : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
elengie Twitter : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
23 mars 2022, Christine Wasser d’Elengy demande le black-out.

Nous avons aussi ciblé TotalEnergies et Engie. Nous avons manifesté devant leurs sièges respectifs les 1er et 29 avril 2022.

Manifestation TotalEnergies

Manif Total annonce : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Manif Total album : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Manif Total photo : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal

Manifestation Engie

Manif engie annonce : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Manif engie photo : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Manif engie album : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal

Depuis lors, l’arrêt des importations de gaz russe est devenu un thème récurrent des manifestation ukrainiennes notamment au cours de celles, bi-hebdomadaires, se tenant à Paris.

Des captures d’écran supplémentaires sont en aperçu en pièce jointe. Elles sont visibles individuellement dans un album Google

4. L’imposture du russe Martus, « Victime de Poutine au même titre que les Ukrainiens »

Au cours de la même période, c’est-à-dire à partir de mars 2022, nous avons cru, pour certains d’entre nous, à l’habile fiction promue par Vladimir Martus, faux opposant politique, faux exilé, capitaine et propriétaire occulte du Shtandart. Connaissant les difficultés qu’il rencontrait en Méditerranée, nous avons essayé de trouver une solution pour son bateau. Nous étions parmi les premiers, d’une longue série, à être abusés par une invraisemblable compilation de boniments.

Lire aussi :

En juin 2022, les Ukrainiens de La Rochelle ont appelé à l’aide. Ils nous ont alertés sur les diffamations, les menaces et les chantages qu’ils subissaient de la part de Ludovic Pacciarella, un Rochelais, homme de main, depuis plusieurs années, de Vladimir Martus. Un homme de main, que Patrice Bernier, « dock master » au port de plaisance de La Rochelle, avait « promu » au rang d’ « officier de liaison » du Shtandart. De plus, tous étaient outrés de la récupération du malheur ukrainien effectuée par le Russe à des fins de marketing personnel.

Concernant la maltraitance de la communauté ukrainienne au profit du Shtandart, le courrier envoyé, le 16 juin 2022, au maire de La Rochelle par Oleksiy Goncharenko, député à la Verkhovna Rada, membre de la délégation parlementaire ukrainienne au Conseil de l’Europe, est édifiant.

Pourtant, Oleksiy Goncharenko n’a jamais reçu de réponse, et pour cause. L’objectif était bien d’imposer la présence du navire russe dans le grand port de Charente-Maritime, malgré la mise en place des interdictions portuaires européennes. Le Shtandart y est entré le 8 juin 2022. Pour ce faire, Michel Balique et Patrice Bernier ont travaillé conjointement avec Ludovic Pacciarella. Ils ont été appuyés par la municipalité de Jean-François Fountaine, fondateur de l’entreprise Fountaine-Pajot (Ru). Ce chantier naval commercialisait (commercialise encore ?), auprès d’une riche clientèle russe, ses multicoques de croisières ainsi que les monocoques du chantier Dufour (Ru) lui appartenant. 

Ludovic Pacciarella, homme de main de Vladimir Martus, Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle, et Patrice Bernier "maître principal" au port de plaisance.  - Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Ludovic Pacciarella, homme de main de Vladimir Martus, Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle, et Patrice Bernier « maître principal » au port de plaisance.

5. La lutte contre l’argent du gaz russe sinistrée par le Shtandart, une honte française qui n’en finit pas.

À la lecture des sanctions du 5e volet, formalisé à l’article 3 sexies bis du Règlement UE n°833/2024, la cause était entendue. En juin 2022, nous nous sommes dit que l’affaire serait réglée en moins de quinze jours. C’est ce qui est arrivé dans les autres pays européens, y compris en Espagne où le Shtandart est maintenant interdit d’eaux territoriales (Sp) . Mais en France, plus de deux ans et demi après, on y est encore. Autant pour l’État de droit. 

Lire : Ouest-France, Laetitia Jacq-Galdeano et Jean-Charles Larsonneur (député) – Le navire russe Shtandart à Brest ? « La France n’applique pas la règle européenne.» (03/06/2024)

Il a fallu que notre pays se fasse tancer par un rappel à l’ordre du Conseil européen, le 24 juin 2024, pour que les lignes commencent timidement à bouger. Le mouvement n’a pas encore atteint certains départements où se poursuivent les escales illégales du Shtandart.

Le 10 mai 2023, la directrice du cabinet du préfet du Morbihan disait : « Vous partez du postulat que le Shtandart n’a pas le droit d’être là. Nous partons du postulat qu’il en a le droit ». Nous lui avons rétorqué que si son responsable hiérarchique partait d’un postulat, nous partions du Règlement européen. Elle ne l’avait visiblement pas lu. Cela semble encore être le cas aujourd’hui comme l’a montré l’accostage du Shtandart à Quiberon, le 28 août 2024, après deux jours passés au mouillage, face à Port Haliguen, à des fins de ravitaillement. Il s’agit d’un détournement flagrant du paragraphe 4 de l’article 3 sexies bis du Règlement (UE) n °833/2014.

De son côté, Brice Blondel, préfet de Charente-Maritime, ex-Chef de cabinet d’Emmanuel Macron, continue à recevoir en toute impunité le Shtandart.

Lire aussi :

Ce même Brice Blondel a récemment décoré Patrice Bernier, un des membres, comme on l’a vu, de la triade à l’origine de la venue du navire russe à La Rochelle. Le 13 décembre 2024, il lui a accroché les médailles de la Sécurité intérieure (sic) et de l’Ordre national du mérite, tout en saluant la présence de Vladimir Martus (vidéo à 12.37). 

Le préfet Brice Blondel décorant Patrice Bernier en présence du député Olivier Falorni, de la Conseillère municipale Aya Koffi, et d'un ex conseiller municipal Michel Tillaud. Vladimir Martus, le Russe contrevenant aux sanctions européennes, est collé à l'épaule gauche de Patrice Bernier : Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Le préfet Brice Blondel décorant Patrice Bernier en présence du député Olivier Falorni, de la Conseillère municipale Aya Koffi, et d’un ex conseiller municipal Michel Tillaud. Vladimir Martus, le Russe contrevenant aux sanctions européennes, est collé à l’épaule gauche de Patrice Bernier.

Préalablement à cette cérémonie, en juin 2024, Patrice Bernier avait décoré son partenaire, Michel Balique, de l’ordre du Mérite maritime, là aussi avec la participation du russe Martus, contrevenant aux sanctions portuaires européennes. 

Patrice Bernier décorant Michel Balique à bord du Belem en présence de Vladimir Martus, contrevenant aux sanctions européennes. - Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Patrice Bernier décorant Michel Balique à bord du Belem en présence de Vladimir Martus.

Le scandale du Shtandart s’éternise contre toute logique et contre tout respect du droit. Mais il sera mené à son terme par notre collectif. Toutefois, il dévore une énergie et un temps effarants. C’est ce qui explique pourquoi nous n’avons pas pu continuer à nous occuper suffisamment des importations de gaz de Yamal. Certains pourraient être choqués du fait que ceux qui nous en ont éloignés nous en fassent grief, à des fins de diversion. Diversion, c’est aussi un processus auquel les thuriféraires du Shtandart, y compris dans l’appareil d’État, ont eu recours depuis le début de cette fraude.

Pour notre part, nous disons que le Shtandart est bien une affaire russe dans tous les sens du terme. Les principaux acteurs agissent avec un cynisme et une immoralité qu’un honnête observateur français non averti ne peut pas imaginer. On ne compte plus les journalistes qui ont été aveuglés par cette rhétorique. Sans prétendre être exhaustifs, on peut citer : France 3, Libération, l’AFP, Charlie Hebdo, etc. sans même parler des médias locaux, tel Sud-Ouest, qui sont aux ordres des municipalités accueillant illégalement le navire russe.

Vladimir Martus, Jean-François Fountaine et Patrice Bernier, hôtel de ville de La Rochelle. Photo par Ludovic Pacciarella. - Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Vladimir Martus, Jean-François Fountaine et Patrice Bernier, hôtel de ville de La Rochelle. Photo par Ludovic Pacciarella.

6. Que comptent faire Michel Balique et les « Amis des Grands Voiliers » contre le financement de la guerre par Elengy, Engie et TotalEnergies ?

Le gaz de Yamal hante l’esprit de ceux qui se préoccupent des ressources finançant les massacres en Ukraine. Le 26 septembre 2024 après avoir conduit dans ce pays martyr la quatrième ambulance acquise par l’association Tryzub de Nantes, j’ai rencontré, une nouvelle fois, Serhiy Kiral. Le premier maire adjoint de Lviv m’expliquait que les Russes avaient déjà démoli 80 % du potentiel de production d’électricité d’origine thermique du pays. Sa ville essayait de construire des micro-centrales pour tenter de faire face à un hiver qui s’annonçait très difficile pour la population.

Nantes : troisième ambulance envoyée en Ukraine par l'association Tryzub, février 2023 - Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Nantes : troisième ambulance envoyée en Ukraine par l’association Tryzub, février 2023
Frontière polono-ukrainienne : quatrième ambulance envoyée en Ukraine par l'association Tryzub, 23/09/ 2024 - Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal
Frontière polono-ukrainienne : quatrième ambulance envoyée en Ukraine par l’association Tryzub, 23/09/2024

Serhiy Kiral m’exposait qu’ils recevaient l’aide d’entreprises françaises, dont Elengy. À sa grande surprise, je lui ai dit que cette même entreprise permettait à Moscou d’encaisser des milliards d’euros, lui permettant de payer les bombes ainsi que les missiles qui détruisent les équipements civils et mutilent ou tuent ses compatriotes. Nous avons convenu que, plutôt que de jeter des miettes aux victimes de son fournisseur, à des fins de communication et de blanchiment, Elengy devait immédiatement stopper ses achats de gaz russe. Mais, en France, le bailleur de fonds des mortifères ravages russes peut être tranquille, il n’y aura aucune pression. Trop naïfs, nous ne sommes pas assez méfiants à l’égard de l’hypocrisie de ceux qui ont des intérêts russes et qui affichent un « soutien à l’Ukraine ». Vladimir Martus et ses supplétifs français l’ont fort bien compris.  

Nous n’aurons pas la discourtoisie de questionner les « Amis des Grands Voiliers » sur ce qu’ils ont fait, jusqu’à ce jour, contre le financement de la guerre par Elengy, Engie et TotalÉnergies. Chacun connaît la réponse.

Par contre, à l’avenir, puisque Michel Balique nous exhorte à nous saisir du dossier, et bien que nous ne l’ayons pas attendu pour le faire, nous lui demandons expressément quelles sont les actions prévues par l’association « Amis des Grands Voiliers«  contre l’argent français de la guerre russe. Pour faire bonne mesure le lobbyiste pourra s’adjoindre les services de Jean-Paul Hellequin, le vieux Cégétiste, ex-cuistot des Abeilles et président de l’association Mor Glaz. Nous ne préjugeons d’une hypothétique réponse de ce dernier, devenu une star des médias russe grâce à ses imprécations pro-Shtandart. En revanche, les activistes de « No Shtandart In Europe » y participeront avec empressement. Néanmoins, il va falloir, au chevalier du Mérite maritime, sortir de ses propos de comptoir et de ses allégations injustifiables. Nous exigeons des réalisations concrètes.

7. Que pouvons-nous faire de plus ?

Nous devons pouvoir nous consacrer pleinement à la lutte contre le gaz russe, particulièrement au terminal GNL d’Elengy à Montoir-de-Bretagne.

Amis des Grands Voiliers, Terminal GNL d'Elengy à Montoir-de-Bretagne sur l'estuaire de la Loire
Terminal GNL d’Elengy à Montoir-de-Bretagne sur l’estuaire de la Loire
Michel Balique - Terminal GNL d'Elengy à Montoir-de-Bretagne sur l'estuaire de la Loire
Terminal GNL d’Elengy à Montoir-de-Bretagne sur l’estuaire de la Loire

Dans ce but, il est urgent de mettre fin dans les plus brefs délais à la fraude du Shtandart. Nous avons fait des propositions en ce sens.

Si la collaboration française devait se poursuivre, comme à La Rochelle, ou si le navire russe devait participer à des festivals maritimes en 2025 , on ne peut pas exclure l’intervention de partisans ukrainiens qui apporteraient une conclusion sans résurgence possible à cette affaire scandaleuse. Cela m’a été annoncé, en octobre 2024, à Lviv et à Kyiv, notamment à l’occasion de mes conférences sur ce sujet.

La publication du 15/12/2024 sur Le Télégramme, un média grand public à fort impact régional, est une aide précieuse en termes de mobilisation. Mais la campagne s’avère très complexe. Voici quelques réflexions rapides, qui ont pour objectif de provoquer un débat en vue de les approfondir et d’établir un plan d’action commun.

Il faudrait faire changer la réglementation européenne de manière à interdire les approvisionnements russes de GNL. Pour cela, il est nécessaire d’obtenir l’accord des 27 états membres de l’Union. On en est loin. Il est peut-être possible de trouver des sources d’approvisionnement alternatives, mais d’autres problèmes peuvent survenir. En France par exemple, 50 % des réserves d’hydrocarbures de Total se trouvent dans la Fédération de Russie. Les passer par pertes et profit pourrait provoquer la ruine du groupe. Or, Total est « too big to fail ». Notre gouvernement ne cédera probablement pas.

Il faudrait faire changer la réglementation européenne de manière à interdire la réparation des transporteurs de GNL russe. Est-on prêt à en supporter le coût social ? Rien que pour Damen Brest, on parle de 200 emplois. Qu’en est-il des autres pays de l’Union ?

Cela ne doit pas nous empêcher de mener campagne pour cette double interdiction. Le coût financier en serait de toute façon sans commune mesure avec le coût humain supporté par l’Ukraine et vraisemblablement largement inférieur au coût que représente le soutien à l’effort de guerre ukrainien par l’UE. D’autant plus si on y incorpore l’aide humanitaire et la participation future à la reconstruction.

On peut aussi souhaiter que l’Ukraine dispose rapidement de missiles à très longue portée permettant de détruire Yamal LNGArctic LNG 2 et Vysotsk LNG, les terminaux russes de chargement de GNL (LNG en anglais) et d’en empêcher l’accès.

Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, terminaux GNL
Terminaux LNG russes hors Sakhaline (Extrême-Orient)

Synthèse de cet article concernant uniquement le GNL et Damen Brest.


8. Pièces jointes

Article du Télégramme, 15/12/2024

Quelques autres posts contre le gaz russe

Aperçu posts - Amis des Grands Voiliers, Michel Balique, Shtandart, gaz russe de Yamal

Tous ces posts sont visibles individuellement dans un album Google.

Bernard Grua

  • Porte-parole du collectif international lanceur d’alerte « No Shtandart In Europe »
  • Conférencier, spécialisé dans les méthodes de propagande russe
  • Coordinateur du forum des associations ukrainiennes de l’Ouest
  • Membre du comité ayant obtenu l’annulation du festival cinéma russe de Nantes, “De Lviv à l’Oural”, en mars 2022.
  • Bénévole à l’association franco-ukrainienne “Tryzub” de Nantes
  • Contributeur à l’ouvrage géopolitique de Laurent Chamontin (Diploweb): « Ukraine et Russie pour comprendre » ainsi qu’à “Informnapalm”, « Ukrinform » et « Ukraine Crisis Media Center »
  • Cofondateur et ex porte-parole du collectif international « No Mistrals for Putin »
  • Photographe de la révolution du Maïdan
  • Ancien auditeur financier
  • Ancien officier de Marine
  • Diplomé de l’Institut d’études politiques de Paris

Échanges précédents avec Michel Balique

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Publié par Bernard Grua

Graduated from Paris "Institut d'Etudes Politiques", financial auditor, photographer, founder and spokesperson of the worldwide movement which opposed to the delivery of Mistral invasion vessels to Putin's Russia, contributor to French and foreign media for culture, heritage and geopolitics.

2 commentaires sur « Les « Amis des Grands Voiliers », Michel Balique, « No Shtandart In Europe » et le gaz russe de Yamal »

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