Question d’Olesia Fediv (Ivano-Frankisk, Ukraine ), réponse de Bernard Grua (Nantes, Bretagne, France)
Cette photo avec la fille de la défense d’ Euromaidan est incroyable. Est-ce qu’on peut dire que la photo signifie la perte de la peur et la libération?

Non, pour moi cette photo, du 16 février 2014 à Kyiv devant l’Hôtel de Ville, ce n’est pas « la perte de la peur ». Quand on voit les yeux de cette magnifique jeune femme, on se dit que quelque chose de beaucoup plus cher a été perdu. Si les pays occidentaux avaient émis leurs sanctions plus tôt, comme nous l’appelions de nos vœux, on peut imaginer que le pouvoir aurait cédé sans que l’on ai besoin de basculer dans une telle radicalisation.
Non, cette photo n’est pas une « libération ». C’est le sacrifice de la beauté. C’est l’Ukraine asservie qui va souffrir. Avant même de déclencher mon appareil, j’ai compris, dans un éclair presque matériel, qu’il y avait là tout ce que l’on pouvait pressentir des désastres à venir. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer ces yeux séparés par un trou rouge. Cette photo, est l’image de ma profonde inquiétude pour l’Ukraine dans la crainte de ce qui allait suivre. C’est d’ailleurs la seule représentation que j’ai retenue pour les jours des 15, 16 et 17 février. Je voudrais vraiment insister. Cette « photo incroyable », comme tu dis, n’est que le fond de la tristesse.
© Auteur: Bernard Grua
Sur ce site lire:
Maïdan, de la révolution romantique à la révolution du sacrifice
et
Maïdan, petite brisure d’écorce calcinée et meurtrie, ne rompt pas
Voir aussi l’article de Ouest France, 7 juin 2014: « Douloureuse amitié pour les populations d’Ukraine »
ainsi que l’article du même journal, 20 août 2014 : « Conflit: Olga et ses filles ont fui l’Ukraine et la guerre »
et celui du 20/11/2014 : « Les photos d’Ukraine du Nantais Bernard Grua à Paris »
7 commentaires sur « Maïdan, la jeune fille au foulard rouge »