La frégate russe Shtandart lors de sa dernière visite en Galice au printemps. Photo: ALBA-VILLAR – El Faro de Vigo
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Des réfugiés et des militants ukrainiens l’appellent à quitter les eaux européennes malgré la position du capitaine contre la guerre.
Traduction de l’article, du 10 juillet 2022, par Javier H. Rodriguez, , sur El Faro de Vigo: « Una fragata rusa capea las sanciones y se dirige a Vigo « – Twitter @JavierHRguez
La frégate Shtandart, longue de 34,5 mètres et large de 6,9 mètres, navigue depuis juin dans les eaux du golfe de Gascogne. Sa destination ? Le port de Vigo. Cet accostage, prévu le vingt-deux de ce mois [juillet 2022], n’est pas anecdotique. En fait, c’est plutôt une anomalie : ce navire, battant pavillon russe, a réussi à contourner le cinquième paquet de sanctions de l’Union européenne contre l’espace post-soviétique concernant la guerre en Ukraine. Dans le cinquième paquet de sanctions, les vingt-sept interdisent l’entrée des navires russes dans les ports européens à quelques exceptions près. La décision, signée en avril, semble claire et « interdit l’accès aux ports [de l’UE] aux navires enregistrés sous le pavillon de la Russie », comme c’est le cas du Shtandart. Le texte législatif précise également que cette sanction s’appliquera « à tous les navires entrant dans le champ d’application des Conventions internationales ; tout yacht, d’une longueur égale ou supérieure à quinze mètres, qui ne transporte pas de marchandises ou ne transporte pas plus de douze passagers, ou des bateaux de plaisance ou des jet-skis ». À l’exception, bien sûr, de tous les navires qui ont besoin d’assistance pour chercher un lieu de refuge, une escale d’urgence pour des raisons de sécurité maritime, ou pour sauver des vies en mer.
Malgré tout, des sources officielles du ministère [espagnol] des Transports et de la Mobilité expliquent qu’« ils ont considéré qu’il répondait à la considération d’un navire historique et qu’il ne serait pas concerné par l’interdiction adoptée par l’UE », mais ils indiquent ne pas avoir pris de décision spécifique, pour l’instant, concernant un accostage du Shtandart à Vigo.
Mobilisations en France
Ce navire, reconstitution de la frégate du XVIIIe siècle du tsar russe Pierre Ier le Grand, navigue elle aussi dans une singulière polémique née dans l’un des derniers ports où elle a été vu amarrée : La Rochelle, en France. De là, des journalistes, des militants et des réfugiés ukrainiens ont crié au scandale pour ce qu’ils considèrent être« un outrage » dans le contexte de l’invasion russe. En effet, ces derniers mois, il y a eu diverses mobilisations et lettres aux ministres compétents dans le domaine des transports, pour qu’ils « mettent fin à cette exception ».

Que dit le capitaine ?
Le directeur de la Fondation Vigo Traslatio, Celso Fernández, est en contact direct avec Vladimir Martus, capitaine du Shtandart, puisqu’il est l’interlocuteur qui l’invite dans le cadre de la « Ruta Iacobus Maris ». Cet événement commémore le supposé voyage du corps de l’apôtre Saint Jacques depuis le port de Jaffa (ancienne province de l’empire romain située en Palestine) jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, traversant la « Mare Nostrum » (mer Méditerranée) d’Est en Ouest et se dirigeant vers le nord jusqu’à la Galice. Actuellement, il s’agit du plus long pèlerinage maritime au monde sur le « Chemin de Saint-Jacques ».
Pour cette raison, Fernández connaît de première main la vision du capitaine [Vladimir Martus]. Selon son récit, en 2009, il a été menacé par le Kremlin pour ne pas avoir cédé son navire à une expropriation par l’Etat. Depuis lors, dit-il, il ne peut plus mettre les pieds sur les terres russes et navigue principalement dans les eaux de l’Union européenne. Ces faits sont catégoriquement démentis par Bernard Grua, journaliste et activiste français qui suit de près l’itinéraire du navire dans son périple européen. Grua souligne les communications officielles de la Fondation Shtandart elle-même, où en avril 2020, elles affirmeraient publiquement la possibilité de retourner à Saint-Pétersbourg : « Il convient de noter que le Shtandart n’a plus le programme d’un navire-école. Il se déplace avec des activités commerciales, notamment l’embarquement de passagers payants. Et ce qui est encore plus inquiétant, il a désactivé son système d’identification AIS depuis le 6 juin 2022, masquant ainsi sa position, son itinéraire, sa vitesse et sa destination », cette dernière information a effectivement été vérifiée par FARO.
« Le capitaine dit qu’il refuse d’abandonner son drapeau russe parce qu’il ne veut pas abandonner son pays malgré la guerre et la dissidence qu’il entretient contre le gouvernement de Vladimir Poutine », explique le directeur de la Fondation Traslatio en contact direct avec le capitaine. En fait, selon Fernández, le propre frère du capitaine combattrait sur le front ukrainien de la guerre. « C’est sa position personnelle. Mais il y a une guerre en Ukraine sous le drapeau russe. Les pays européens se sont mis d’accord pour interdire l’entrée des navires russes dans leurs ports depuis avril et ils ne s’y conforment pas », conclut Bernard Grua.
L’article en espagnol :
Una fragata rusa capea las sanciones y se dirige a Vigo
Note: les liens n’apparaissent pas dans l’article original. Ils sont ici pour documentation.
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