Voici un message privé avec sa réponse qui peuvent contribuer utilement à notre discussion entamée par « La France et l’Islamisme: lettre à mes amis tunisiens ». L’initiative en émane d’une chère amie, que j’avais identifiée avec plus de 40 autres proches, lorsque j’ai partagé mon article sur Facebook. Madame F*** appartient à une large et généreuse famille de Kerkennah, que je connais bien, pour laquelle j’ai une grande estime et beaucoup d’affection. Mes sentiments chaleureux vont, sans exception, des grands-parents aux petits enfants de cette lignée.
Si cette dame a pris la peine de m’écrire, c’est pour faire connaître sincèrement son ressenti et non pas pour participer aux envolées enflammées qu’on lit de part et d’autre. Je vais tenter de lui répondre. Je l’en remercie d’autant plus que cela me donne l’occasion de partager des points que je souhaitais préciser.
« Bonjour mon ami. Je n’accepte jamais de aucun qui menace notre prophète Mohamed صلى الله عليه وسلم Mon ami pourquoi et pour qui monsieur le président fait ça ? C’est de la politique …. Je ne suis pas terroriste et je respecte toutes les religions. S’il te plaît, élimine-moi de votre publication. Je n’ai pas pu le faire. Je te respecte beaucoup. Notre prophète est intouchable. S’il vous plaît.اللهم صلي وسلم على سيد الخلق محمد وعلى اله وصحبه اجمعين »
F***, archipel de kerkennah, TUNISIE
Voici donc ma réponse :
Bien chère Madame F***,
Merci pour votre intérêt, pour votre commentaire et pour votre pertinente question. Tout d’abord, je tiens à vous dire que vous n’êtes plus identifiée dans mon partage Facebook. Ensuite, je vais tenter d’expliquer pourquoi et pour qui le Président Macron est amené, enfin, à prendre ces mesures, nécessaires depuis plusieurs années.
Préalablement, je tiens à signaler que, comme vous, je déteste les caricatures de Charlie Hebdo. Elles me choquent, car elles sont obscènes et insultent toutes les religions. Cette opinion est partagée par la très vaste majorité des Français musulmans et chrétiens que je connais. Je ne crois pas me tromper en disant que c’est aussi le cas du Président Emmanuel Macron. J’ajouterais, pour votre information, que le volume de caricatures religieuses, que Charlie Hebdo a produit contre la religion chrétienne, est sans commune mesure avec le nombre de caricatures tournées contre l’islam, ou plutôt contre l’islamisme.
Pourquoi le Président Macron « fait ça » ?
Emmanuel Macron ne se prononce pas en tant que personne comme nous le faisons vous et moi. Il s’exprime en tant que Chef d’Etat. Quand j’ai des reproches à faire à notre président, je n’hésite pas à le contrer directement et publiquement comme ici , là et encore là. J’ai fait de même avec le Président Hollande. J’use de la liberté d’expression si chère à notre frondeuse nation. Toutefois, je dois reconnaître que, pour ce qui nous concerne aujourd’hui, Emmanuel Macron, est dans son rôle.
Les Français, blessés dans leur chair et dans leur âme, ont fait preuve de beaucoup de maturité au cours des monstrueux carnages islamistes, à répétition, qu’ils ont subis, dont le pire fut celui du Bataclan. Mais, je parlais, dans l’article précédent des 86 morts et des 458 blessés causés à Nice par un Tunisien. Pas un seul reproche n’a été émis contre le vrai Islam, contre votre pays, contre vos dirigeants ou contre vos concitoyens. À tel point que vous avez peut-être oublié ce massacre. Pas nous. Car la résilience a ses limites. Il y a tout simplement trop de morts, trop de familles endeuillées, trop de pleurs et trop de peurs. Le peuple français ne résigne pas, contrairement à ce que sa mesure laisserait penser.
Mon ami, le marin Kerkennien qui est votre frère, exerçait, avant sa retraite, le magnifique métier de professeur. Il continue à en être très estimé, comme je l’ai constaté de la part de ses nombreux anciens élèves. Il en était de même pour Samuel Paty qui mettait tout son cœur à instruire des enfants dont beaucoup ressemblent à ceux du Lycée Farhat Hached de Remla, mais dont de nombreux autres sont dans des situations familiales plus critiques et ont un tempérament singulièrement plus difficile. La paix de votre île n’est pas celle des banlieues parisiennes. Le martyr, l’ignoble décapitation de ce professeur aimé de tous, ne passe pas. Il ne passe pas, car on n’assassine pas l’amour et l’éducation.

L’éducation, c’est ce qui fait le caractère remarquable de Kerkennah, si bien célébré par le père André Louis. L’éducation, c’est ce qui a permis à votre population maritime, isolée au large de Sfax sur un maigre territoire sablonneux, à fleur d’eau, de parvenir aux plus hautes responsabilités de son pays. Ascension dont votre famille est le vibrant témoignage. L’éducation, c’est ce qui permettra à toutes les communautés, composant aujourd’hui la France, de vivre ensemble.
Pour toutes ces raisons, Emmanuel Macron ne peut pas reculer, et céder aux diktats du terrorisme islamiste. Le peuple français, quelle que soit sa confession ne l’admettra pas, même si le droit, et surtout l’usage des libertés, qu’il réaffirme nous choquent, vous et moi. Un renoncement serait un feu vert à l’affrontement entre les communautés.
Voilà. C’est tout simplement pourquoi notre président fait, plutôt bien, ce que son devoir lui ordonne de faire.
Pour qui le Président Macron « fait ça » ?
Je crois que le « pourquoi » y a en grande partie répondu.
En effet, Emmanuel Macron le fait pour le peuple français, de toutes origines et de toutes confessions. Il le fait pour l’avenir de notre pays et pour l’avenir de ceux qu’il accueille.
Il ne le fait contre personne ni contre aucune confession, même si cela est un prétexte exploité par ceux qui veulent semer la haine et susciter d’autres crimes. Monsieur Macron doit servir son pays et son peuple. Il ne peut pas être réduit au silence par les imprécations d’Imram Khan, un ex-play-boy, patron pakistanais d’un Etat terroriste gouverné par une charia dévoyée, laquelle n’est qu’une loi de Lynch tant ses juges sont sous de permanentes menaces de mort. Il ne peut pas plus être rendu muet par un intrigant dictateur turc se rêvant en Mehmet II de Grand Bazar.
Macron doit tenir, quelles que soient les campagnes mondiales de harcèlement et d’appel au meutre qui sont lancées contre lui et contre son peuple, en raison des deux malfaiteurs internationaux précités. Regardez donc ici les tweets infâmes contre notre président. Comprenez d’où ils viennent principalement. Regardez ci-dessous, les deux associés devenus proches depuis qu’Erdogan a transformé Sainte Sophie en mosquée provoquant l’extase des 220 millions de Pakistanais, sauf les minorités persécutées ou méprisées, bien-sûr. Ils inondent les croyants de leur haineuse propagande mensongère se repaissant de la dépouille du malheureux Samuel Paty, le dévoué et célébré professeur d’enfants de différentes confessions.
Les caricatures deCharlie Hebdo, me dérangeant et vous dérangeant, attaquent l’honneur de votre prophète. C’est exact. Elles n’étaient parues que dans une publication confidentielle.
Les caricatures auraient été vues par une audience très limitée et auraient disparu depuis des années si des criminels islamistes n’en avaient pas assuré une diffusion compulsive ainsi que haineuse et si ces criminels n’avaient pas conduit des massacres de masse au nom de votre prophète.
Ne soyons pas les fourriers de l’amalgame Islam/islamisme. Ne confondons pas, encore une fois, les victimes et les coupables.
Les victimes, ce sont les morts, les familles endeuillées, ceux qui vivent dans la crainte, ceux qui sont forcés de se taire ou de se cacher, votre Prophète et tous les Croyants. C’est pour eux que nous soutenons notre président.
Le coupable n’est pas Emmanuel Macron, porté dans cette tourmente par une unanimité nationale très largement supérieure à sa cote de popularité.
Les coupables se sont les criminels islamistes assurant une promotion hypocrite et mortifère de caricatures obscènes dont les huits auteurs, assassinés avec quatre autres personnes (y compris un policier musulman), ont déja payé un prix exhorbitant et inacceptable.
Les coupables sont aussi les responsables politiques tel Erdogan qui, avec l’aide d’Ennahdha, n’a pas intérêt à lâcher cette affaire, afin de pousser son néo-impérialisme ottoman, afin d’attaquer l’embarrassante francophilie tunisienne et afin de ruiner l’amitié entre nos deux pays, pour mieux vous isoler et pour mieux vous jeter dans les griffes de ses démons.

Quoi que nous fassions, ces coupables ne céderont pas, surtout si nous nous soumettons.
Soyez avec nous, nous ne lâcherons rien !
Vive la Tunisie, vive la France – Libres!
Annexe: quelques rapides rappels géopolitiques sur les menées pakistanaises et turques dans le monde
La France est relativement isolée face à cette opération de déstabilisation bicéphale.
- Imran Khan tient la Grande-Bretagne sous pression avec la bombe à retardement que représente l’importante communauté pakistanaise du « Londonistan ». C’est, d’ailleurs, probablement de là que venaient les Anglo-pakistanais qui ont tenté, avec leur véhicule, d’écraser un policier français à Paris, le 21 octobre 2020.
- Les plus de cinq millions de turcs résidant en Allemagne lient les mains de la chancelière Angela Merkel, qui ne peut pas s’autoriser à se mettre à dos une communauté aussi importante.
- Erdogan peut considérablement perturber le nouveau protectorat russe en Syrie, en jouant le trouble-fêtes grâce aux zones et aux rebelles qu’il y contrôle. Depuis cette même Syrie, la Turquie a d’ailleurs exporté, vers l’Azerbaïdjan des mercenaires syriens en appui de la guerre de cette dernière contre l’Arménie.
- L’Azerbaïdjan est considérée comme un petit frère de la Turquie sous l’adage : « une seule nation, deux Etats ». Il faut néanmoins se rappeler que le plus gros des deux Etats est sunnite alors que l’autre est chiite. Ce qui n’est généralement guère compatible, comme on le sait bien. Il faut ajouter que la Russie considère l’Azerbaïdjan, ex pays de l’URSS, comme son étranger proche. Ce qui implique un auto-attribué droit de regard moscovite unilatéral, voire un droit d’intervention sur la politique des Etats bénéficiant de ce label embarassant. Le ménage à trois n’est pas nécessairement des plus simples à interpréter d’autant que les sujets de friction ne manquent pas entre les deux expansionismes décomplexés.
- La Turquie se permet des incursions armées pour appuyer des recherches pétrolières dans la zone économique exclusive grecque. Le fait que la France s’oppose à ce maraudage n’a certainement pas peu contribué à la volonté de revanche du potentat d’Ankara.
- Dans le camp opposé à celui soutenu par la Russie, l’armée turque est présente en Libye. Elle est d’ailleurs entrée dans une situation de pré-conflit militaire avec une frégate de la Marine française, en mission ONU, en raison d’un cargo turc se livrant au trafic d’armes. Elle est à un jet de pierre de la Tunisie dont la frontière sud est difficilement contrôlable et par où elle peut éventuellement faire parvenir le matériel voire les hommes dont ses tributaires du pays du jasmin peuvent avoir l’usage à des fins préoccupantes pour le palais de Carthage. On peut légitement s’interroger sur l’origine des troubles agitant régulièrement Tataouine.
- Enfin, les ambitions néo-ottomanes s’étendent jusqu’aux confins de l’Asie Centrale ex-soviétique, un vaste espace qui n’a jamais fait partie de l’empire des Osmanlis. Depuis le début des années 1990, Ankara tente d’y propager un courant pan-turcique, le touranisme ou panturquisme. Ce fatras idéologique va jusqu’à inclure les minorités de la Hunza, Nord Pakistan, qualifiées de turques, alors qu’elles sont d’origine persanes. Toutefois, les idées d’Ankara dans cette partie du monde relèvent pour l’instant seulement du fantasme et ne peuvent pas se concrétiser. Les associés islamistes, Imran Khan et Erdogan, ne risquent pas d’y ternir leur récente lune de miel. La Chine sera suffisamment installée dans le CPEC (China Pakistan Economic Corridor) pour que ce mirage s’évanouisse tranquillement avant que notre Iznogoud envisager d’y montrer son turban. Ainsi, tout le monde sera mis d’accord. Et les Pakistanais auront été définitivement vassalisés par le tortionnaire de la minorité ouïghoure.
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