
Privilégier le Bernina Express ou le Glacier Express?

Faut-il choisir entre le Bernina Express ou le Glacier Express? La réponse est évidemment en faveur du Bernina Express ou, tout au moins, en faveur de son parcours.
Si l’on souhaite contempler particulièrement le Matterhorn (Cervin) il ne faut probablement pas s’imposer tout le trajet par le Glacier Express au risque d’y arriver par temps bouché. Le mieux est de se rendre directement, par un autre moyen, à Zermatt, après avoir validé les conditions météorologiques garantissant un ciel parfaitement dégagé. On peut planifier de passer une nuit sur place, voire choisir un hébergement plus abordable dans un village sur la voie Visp -Täsch, pour en maximiser les chances. En hiver, il existe suffisamment de trains avant le lever de soleil ou après son coucher pour en avoir l’opportunité.
Avoir quelques documents essentiels pour préparer et réaliser son voyage
Très bon petit livret sur le Bernina Express
Le petit livret « Bernina Express » en allemand, anglais, italien et français est très bien fait et montre de belles photos, prises hors du train, des endroits les plus remarquables du parcours. Des notes renvoient à leur description. C’est un bon premier aperçu. Lien pour en télécharger la version PDF. Cliquer sur les images pour les agrandir.
Irremplaçable carte panoramique
La carte « Panorama », en anglais, allemand et italien, est une découverte tardive, grâce à l’hôtelier de Tirano. Elle est fabuleuse. Au recto sont détaillées les formules « Bernina Expresss« , «Glacier Express» et «UNESCO patrimoine mondial » de la Rhätische Bahn (Chemins de fer rhétiques). Au verso, on ouvre un carte dont les reliefs sont dessinés, illustrée des emplacements remarquables. Pour les 18 lieux les plus intéressants, des liens vers des sites internet sont fournis en marge. Il s’agit d’un des meilleurs outils pour préparer et pour suivre son voyage.
Lien pour en télécharger la version PDF.
Brochure commerciale sur le Glacier Express
La brochure « Glacier Express » en allemand, anglais, italien et français est succincte. Elle montre, elle aussi, de belles photos, prises hors du train. Mais ne donne guère d’explications sur les endroits intéressants.
Une carte complète des transports suisses
Le dépliant « Swiss Travel System Map 2018 » présente, au recto, l’éventail des différentes offres possibles concernant les transports publics, sur l’ensemble de la Suisse pour les personnes ne résidant pas en Suisse. Au verso, on trouve une carte de de la Suisse avec le détail de tous les itinéraires: train, bus, bateau. Il existe aussi un format de poche de ce dépliant. Lien de téléchargement en PDF Site web: www.MySwitzerland/swisstravelsystem.com.
Belle présentation de Tirano
La brochure en demi A4, en anglais, de la municipalité de Tirano, « Tirano, Crossroads of the Alps » est bien illustrée. Elle décrit l’essentiel à connaître de cette ville italienne et alpine. Le site web de l’office de tourisme, www.visitatirano.it, adopte une présentation voisine.
Courte monographie sur chaque monument du Valposchiavo
Un livret en quart de A4 en italien et en allemand, de l’office de tourisme du Valposchiavo, « Valposchiavo | Guida Turistica | Dorfführer 2018 » comprend un lot important de publicités. Les trente premières pages recensent, néanmoins, les nombreux monuments historiques de Poschiavo (1014 m), un des plus beaux villages de Suisse et les promenades à réaliser dans la vallée. Le site web : www.valposchiavo.ch est de bonne qualité.
Très utile « Orari » (Fahrplan)
La notice « Orari » est disponible un peu partout en Engadine. Elle procure une petite carte des gares du circuit Tirano – Bernina – St. Moritz. Elle communique, surtout, l’ensemble des horaires de ses gares. Elle permet de savoir où et à quelle heure on doit se positionner pour photographier le petit train rouge ainsi que d’anticiper les montées et descentes aux différents arrêts. Il s’agit d’un document que l’on consulte en permanence. Lien pour le téléchargement de la notice en PDF: hiver 2019, été 2019. Il est probable que de telles fiches horaires sont disponibles pour les lignes Chur – St Moritz, Chur – Disentis, Disentis – Visp, Visp – Zermatt. Dans ces villes, on demandera au guichet un « Fahrplan » en précisant les gares du début et de fin de lignes.
Horaires train rouge (Trenito rosso) Tirano St Moritz – Massif de la Bernina
Faire mieux qu’un simple repérage et profiter pleinement du circuit
Des panoramas qui restent à découvrir
Ce court voyage impromptu a présenté, du fait des conditions atmosphériques, une vision inattendue. Il relève, néanmoins, plus du repérage que d’un parcours à part entière. A part depuis l’Alp Grüm, et encore, il a été quasiment impossible de profiter des panoramas de la haute montagne. Il est nécessaire de refaire le trajet avec un ciel plus dégagé et une meilleure lumière.
Un planning à améliorer
Le timing aurait dû être géré différemment. Il ne fallait pas partir de Zurich le matin mais de Chur, en s’y rendant la veille au soir. Il est regrettable d’avoir, à deux reprises, raté la vue sur le glacier de Morteratsch. De même, l’étape à Visp a neutralisé la troisième journée. Il aurait été plus judicieux de s’arrêter juste avant ou juste après le col de l’Oberalp et de ne pas effectuer, de nuit, toute la descente entre Andermatt et Visp. Le troisième jour laissait bien assez de temps pour rejoindre Genève.
Des lieux restant à connaître
La ville de Tirano, le village de Poschiato et le viaduc hélicoïdal de Brusio demandent plus d’attention que celle qu’ils ont reçue. Ils imposent des arrêts, à condition d’être certain de la date à partir de laquelle le soleil descend dans la vallée en hiver.
Il faut, pareillement, anticiper un arrêt et, peut-être, un moyen de transport, pour prendre une vue d’ensemble du viaduc de Solis et de celui de Landwasseur.
De même, les gorges du Rhin (Rheinschlucht) entre Trin et Valendas-Sagogn doivent être magnifiques par temps clair. Faut-il s’arrêter à Versam-Safien?
La vallée entre Ilanz et Sumvitg-Cumpadials doit être belle au printemps si l’on en juge par l’architecture de ses villages.
Enfin, il faut voir le monastère de Disentis/Mustér et son église abbatiale.
Avoir un équipement personnel simple mais adéquat
Puisque vous voyagerez vitres ouvertes vous devez être équipés comme pour séjourner dehors en cette saison, sachant que vous ne pratiquerez pas d’exercice physique susceptible de vous réchauffer. La tête et les mains, à l’extérieur du wagon, sont les plus exposés au blizzard. La capuche de l’anorak s’est avérée incommode. Un bon bonnet aurait été préférable. Les gants d’hivers sont trop volumineux pour vous permettre d’utiliser correctement l’appareil photo. De légers gants en soie que l’on trouve dans des magasins de sport bon marché, sont pratiques. Le cas échéant on peut les recouvrir ou les remplacer par des moufles en fourrure polaire dont le haut se rabat, les transformant en mitaines.
Utiliser judicieusement et soigner son appareil photo
Documenter précisément le parcours réalisé avec l’appareil photo
Une mise à l’heure de l’appareil photo et une photographie de tous les nombreux panneaux de gare ou arrêts même, et surtout, s’ils sont facultatifs et si le train n’y marque aucun stop, aide, a posteriori, avec l’aide des horaires, à identifier les images des constructions, des paysages et des villages capturés sur les bords de la voie.
Ne pas laisser l’appareil photo prendre froid ou se gripper
L’optique de l’appareil photo, protégée par un filtre UV, se couvre rapidement de neige fondue. Une petite peau de chamois permet de l’essuyer régulièrement. Le pare-soleil fait un bon pare-neige et permet d’éviter certains chocs. A l’extérieur, l’appareil se refroidit rapidement, diminuant la durée de la batterie. Il est bon de penser à le mettre contre le chauffage de la pièce ou bien contre le chauffage du wagon. En entrant dans un local, l’air chaud et humide condense immédiatement sur l’optique froide. On met donc l’appareil photo dans un sac plastique quand on va du froid vers le chaud.
Maîtriser les automatismes de l’appareil photo
Les conditions météorologique n’ont pas rendu nécessaire l’utilisation d’un filtre polarisant. Par fort ensoleillement, il aurait été indispensable.
L’environnement neigeux étant lumineux, la cellule sous expose les clichés. Il est parfois utile de compenser l’automatisme par un, deux, voire trois stops. Ce faisant, l’histogramme doit être régulièrement surveillé pour éviter les «cramés», sinon la neige risque de se transformer en tache blanche sans relief, sans détails et sans pixels. La même neige, particulièrement sans soleil, pose aussi la question de la température de couleur.
La balance des blancs, en automatique, risque de donner des résultats inconstants et décevants. Forcer l’exposition en mode soleil amènera bien souvent une teinte bleue d’un effet déroutant. Le mode ombre pourra donner une coloration tirant sur le brun orangé. La meilleure solution est de photographier en RAW et de tenter de rectifier en post traitement. S’il n’est possible que de shooter en JPEG, alors il faut surveiller fréquemment l’aperçu afin de corriger la balance dès que nécessaire.
Le mode « paysage » doit être utilisé avec précaution. Dans ce milieu blanc, il peut se trouver des exceptions plus sombres. Dès lors, le mode paysage renfonçant les contrastes, on risque d’avoir des rochers, des bâtiments ou des arbres sinistres, voire des basses lumières sous exposées et bouchées alors que se produira l’effet inverse pour la neige. Dans tous les cas, des détails seront perdus.
Il est préférable de photographier en mode standard en augmentant la netteté et en réduisant le contraste. Subséquemment, les contrastes seront renforcés par petites touches en post traitement, tout en ménageant les zones proches des extrêmes.
Pour des raisons techniques le numérique réagit mal à la couleur rouge qu’il a tendance à hyper saturer. Cela donne des rendus détonants et peut, de plus, conduire bizarrement à des résultats opposés. Le rouge sombre est bouché. Le rouge plus clair est « cramé ». Pourtant, le principal sujet est un train rouge. Cette anomalie ne peut donc pas être ignorée. Autre défaut du mode paysage, il pousse la saturation. En mode standard la saturation se réglera en fonction de l’histogramme. De toute façon, elle devra être ajustée, pour quelques zones, en post traitement.
Finalement, le mode paysage en environnement de neige ne semble fonctionner que dans du blizzard ou du brouillard lorsque tous les contrastes et toutes les couleurs sont délavés, tandis que la teinte naturelle générale reste très (trop) froide.
Prévoir un monopode pour la vidéo
Pour la vidéo, la principale difficulté fut les fortes rafales de vent qui faisaient bouger l’image lors des plans fixes. Le tripode n’était d’aucune utilité. Long à mettre en œuvre, il aurait, de toute façon, été immédiatement renversé. Il aurait été préférable d’être muni d’un simple monopole. De même un micro externe aurait été utile. Le vent sifflant dans la petite prise de son de l’appareil photo procure un rendu assez détestable et irréaliste.
Être vigilant quant aux perturbations météorologiques en montagne
Il est avisé de suivre régulièrement les conditions atmosphériques. Elles sont susceptibles de varier significativement d’un espace à un autre. Les avalanches peuvent couper des lignes ferroviaires et des routes telles que celles pour Zermatt. Il arrive que les cols de l’Oberalp et de la Bernina soient fermés. De même, il n’est guère utile de se rendre à Zermatt si le Matterhorn (Cervin) n’est pas visible.
Il suffit simplement de lancer une recherche Internet: «nom de la destination + météo» pour obtenir la situation présente et les perspectives d’évolution. On regardera également les annonces sur les sites web des Chemins de fer rhétiques (Rhb), du Matterhorn Gotthard Bahn (MGD) , et des Chemins de fer fédéraux suisses (CFF)
Voici, à titre d’exemple, les lignes fermées sur le réseau des Chemins de fer rhétiques le lundi 14/01/2019.

Liaisons fermées | Cause | Remplacement |
Tschamut/Selva Andermatt | Tempête | Impossible |
Disentis/Mustér-Trun | Risque d’avalanches | Impossible |
Chur-Arosa | Tempête | Bus |
Davos Platz-Filisur | Tempête | Bus |
Bergün/Bravuogn Spinas | Risque d’avalanches | Impossible |
Sagliains Cinuos-chel-Brail | Risque d’avalanches | Impossible |
La haute vallée de l’Albula ainsi que le Col de l’Oberalp sont inaccessibles. Le site web spécifique du Glacier Express est muet. En revanche le portail des Chemins de fer rhétiques indique que le Glacier Express entre Zermatt et St Moritz doit passer par Zurich et Berne pour rejoindre Brig dans le Valais. En clair, le trajet de rêve devient un banal voyage en train évacuant tous ses endroits remarquables, à part le court trajet Brig – Zermatt, qui est, de toute façon, accessible en un trajet sans correspondance hors du Glacier Express.
Le Bernina Express se voit amputé de son intéressante partie dans l’Albula, entre Filisur et Preda. L’alternative n’est pas clairement explicité. Contournement par une autre ligne, par train et/ou par bus?
Lire à ce sujet: «Avalanches: les fortes chutes de neige paralysent les Alpes du Valais aux Grisons».
Le Cervin et les sommets environnants sont cachés ce lundi 14/01/2019. Le ciel est bouché. Le plafond est bas. La neige tombe comme le montrent les webcams de Zermatt. Le Cervin pourra probablement être visible, le lendemain, mardi 15/01/2019, le temps se dégageant.
Pour en savoir plus
Si vous n’avez pas encore lu le récit de la croisière blanche
I/IV : Détail du trajet dans le sens Zurich-Tirano particulièrement en ce qui concerne la haute vallée de l’Albula et son tracé étonnant ainsi que les intempéries à la station Ospizio Bernina.
II/IV: De Tirano à Visp avec remontée diurne du Valposchiavo et de la vallée du Vorderrhein (Rhin antérieur) vers l’Oberalppass (col de l’Oberalp)
Préparer votre périple de façon autonome
IV/IV: Informations ferroviaires nécessaires à ceux qui souhaiteraient, préparer, par eux même, leur itinéraire: horaires détaillés par ligne et compagnie de chemin de fer, formules tarifaires.
Album complet de photos sur la Suisse par Bernard Grua


Photos, textes copyright Bernard Grua Photography
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3 commentaires sur « Croisière blanche sur les réseaux ferroviaire de l’Albula, de la Bernina, du Gotthard et du Matterhorn – Partie 3/4: comment réussir son voyage? »