Aujourd’hui, la Grande-Bretagne s’en est allé. La Russie y est progressivement effacée par un dragon chinois renaissant et sortant de ses frontières. Le Grand Jeu, une étonnante page d’histoire, est oublié. Il en est de même pour les hommes l’ayant écrite. Leurs exploits n’entrent dans la construction d’aucun discours national que ce soit dans leurs pays d’origine ou dans ceux de leurs si particulières pérégrinations. De nos jours, les visiteurs étrangers sont conduits à y sacrifier aux mythes sans réel contenu d’une route de la soie, à l’appellation flatteuse, plutôt qu’à une époustouflante épopée, pourtant pas si lointaine, et qui resterait documentable localement. Le cadre de ces aventures inconcevables est bien sûr toujours là avec ses itinéraires, ses abîmes vertigineux, ses rochers noirs (karakoram), ses cimes étincelantes, ses puissants glaciers, ses rivières tumultueuses, ses villages isolés et ses pâturages d’altitude.
De récentes photographies en noir et blanc prises le long de la Karakoram Highway tenteront d’en évoquer, très partiellement, la grandeur. Elles essayeront, de plus, de rappeler la détermination de ceux qui ont consacré leurs meilleures années, voire leur dernier souffle, à arpenter ces lieux inhospitaliers. Lesquels ne cessaient, malgré tout, de les envoûter.
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