Pourquoi parle-t-on de « polémique » concernant le navire russe « Shtandart » ?

Shtandart polémique

Le terme « polémique » est souvent associé au navire russe « Shtandart ». S’il est parfois repris par facilité, sa promotion ne doit rien au hasard. Un réseau d’influence ukrainophobe l’a imposé dans la sphère médiatique. Le but poursuivit est de disqualifier les lanceurs d’alerte qui partagent les textes légaux dévoilant l’irrégularité de sa présence dans les ports français. Un objectif parallèle est d’écarter les documents sourcés démontrant les liens de Vladimir Martus, le capitaine-propriétaire, avec un pouvoir hostile à notre pays.

Enfin, prétendre répondre à des polémiques est l’occasion d’en lancer de nouvelles. C’est un puissant moyen pour créer la confusion permettant de diffuser une malveillante réalité alternative visant à égarer l’opinion publique.

  1. Par qui et dans quel but a été popularisé le terme de « polémique » dans le cas du Shtandart ?
  2. Le règlement européen, clair et sans ambiguïté, ne prête pas le flanc à la « polémique ».
  3. Le Shtandart a longtemps bénéficié d’un « polémique » passe-droit, dont la remise en cause au niveau interministériel ne met pas fin aux abus.
  4. Quand le Conseil européen déclare que le contournement des sanctions est un délit, ce n’est pas pour « polémiquer », mais pour ouvrir la porte à des poursuites pénales.
  5. Conclusion

Par qui et dans quel but a été popularisé le terme de « polémique » dans le cas du Shtandart ?

L’article paru dans Ouest-France, le 15 mai 2024, sur les premières Fêtes maritimes de La Rochelle dit: « La cité charentaise accueillera de nombreux navires, dont le… Shtandart, navire russe au cœur d’une polémique… ». En appui de ce propos, il est mis un lien vers un texte de Laetitia Jacq-Galdeano : Le navire russe Shtandart, autorisé à s’amarrer dans les ports de France, embarrasse ses protecteurs. En effet, si quelques journalistes, ont travaillé sur l’aspect juridique de l’affaire du Shtandart, cette rédactrice est la seule, en France, à avoir véritablement enquêté sur la fiction promue par le Shtandart ainsi que par ses thuriféraires. Pourtant, ni dans le document cité en référence, ni dans cette autre importante publication, Opposant ou propagandiste de Poutine, qui est le capitaine du Shtandart invité en Bretagne ?, Madame Jacq-Galdeano n’utilise le terme de « polémique ». D’où vient donc cet élément de langage ?

Vladimir Martus & Michel Balique, association des Amis des Grands Voiliers
Vladimir Martus & Michel Balique

L’usage du mot « polémique » est un sophisme popularisé, parallèlement à des attaques ad personam, à des fins de controverse, par Michel Balique1, président de l’association des Amis des Grands Voiliers2. C’est un lobbyiste au service des intérêts du Shtandart et de son capitaine-propriétaire, Vladimir Martus. Le principal agent d’influence3 du navire russe en France, parle, en effet, d’une « polémique idiote et ridicule »4. L’objectif d’une telle rhétorique est clair : imposer le fait accompli du viol des sanctions européennes par le navire russe Shtandart comme étant la norme et présenter les lanceurs d’alerte qui s’y opposent comme de marginaux « polémistes ». Ceci passe par l’usage de l’argument d’autorité et par l’instauration d’une confusion jetant le discrédit sur ceux qui se concentrent sur les vraies questions de fond concernant cette affaire internationale.

La formule a fait florès. Elle est largement reprise sur toute sorte de supports, jusqu’à une vidéo récente de « Au gré des vents » où les citoyens qui rappellent le droit sont, en conformité avec la doxa du Kremlin, assimilés à des extrémistes et à des Nazis.

Au gré des vents, Nazis
Nazis – 5:33
Au gré des vents, Hitler
Hitler – 6:52

Cette vidéo a été partagée par les pages Facebook de l’association Amis des Grands Voiliers, gérée par Michel Balique, et par celle du Shtandart.

Au gré des vents, Vladimir Martus
L’auteur de la vidéo avec Vladimir Martus sur le pont du Shtandart
Au gré des vents, Amis des grands voiliers
La vidéo sur la page Facebook de l’association Amis des Grands Voiliers
Au gré des vents, Shtandart Project
La vidéo sur la page Facebook du Shtandart

À coup de « polémiques », le Shtandart est donc en « Opération militaire spéciale » de « dénazification » contre « les extrémistes » qui demandent l’application des sanctions au navire russe. La vidéo est visible et son texte intégral peut être lu ici : https://bit.ly/shtandart-au-gre-des-vents

Au gré des vents, opération Shtandart
« Opération Shtandart »
Au gré des vents, la haine
La haine

Du côté du collectif No Shtandart In Europe, nous ne souhaitons pas sacrifier à de telles tentatives de pugilat haineux menées à coup de calomnieuses allégations. À l’opposé d’une campagne de « polémiques », nous nous attachons aux faits documentés et aux textes sourcés que nous ne cessons de rappeler.

Le règlement européen, clair et sans ambiguïté, ne prête pas le flanc à la « polémique ».

Le 5e volet des sanctions a été pris à la suite des massacres russes de Boutcha.

Il est formalisé dans l’article 3 sexies bis du règlement européen n°833/2014.

Ce dernier stipule :

  1. Il est interdit de donner accès, après le 16 avril 2022, aux ports et, après le 29 juillet 2022, aux écluses situés sur le territoire de l’Union à TOUT navire immatriculé sous pavillon russe, à l’exception de l’accès aux écluses pour quitter le territoire de l’Union…
  2. Le paragraphe 1 (interdiction) s’applique aux navires qui ont changé leur pavillon russe ou leur numéro d’immatriculation russe pour le pavillon ou le numéro d’immatriculation de tout autre État après le 24 février 2022…
Article 3 sexies bis du règlement européen n°833/2014

Il n’est pas possible de considérer, comme étant une pièce à controverse, un texte ratifié à l’unanimité des 27 États membres de l’Union. La « polémique » est bien créée par ceux qui usent d’arguties afin de contourner, voire de réécrire, le règlement européen pour le profit d’intérêts russes.

Frégate russe Shtandart, Boutcha, février 2023, Au gré des vents
Février 2023, flashmob, à Boutcha, contre le viol du 5e volet des sanctions par le navire russe Shtandart

Le Shtandart a longtemps bénéficié d’un « polémique » passe-droit, dont la remise en cause au niveau interministériel ne met pas fin aux abus.

L’interdiction est appliquée au navire Shtandart dans tous les pays de l’Union européenne à l’exception de la France où il jouit, depuis deux ans, d’un irrégulier et informel passe-droit. Raphael Baldos sur La Croix5, Arthur Quentin sur Ouest-France6 et Gianni Castillo Hit West (groupe Ouest-France)7 se sont déjà professionnellement penchés sur le sujet.

Le 12 avril 2024, un comité interministériel, par la voix de Didier Lallement, Secrétaire général de la mer, annonce que le passe-droit du Shtandart est restreint comme on peut le lire dans différents médias :

Le Télégramme du 7 mai 2024 parle de Brest, mais il précise : « Les organisateurs de Fécamp Grand’Escale assurent de leur côté qu’il arrivera chez eux sous pavillon de complaisance. » En réalité, ce ne sera pas le cas.

Il ressort de ce qui précède que, selon l’administration française, le Shtandart ne peut plus être accueilli dans les ports de notre pays tant qu’il n’aura pas changé son pavillon d’immatriculation. Néanmoins, on peut constater, objectivement, que selon le règlement UE ci-dessus (paragraphe 2) un changement de pavillon ou d’immatriculation ne mettra pas fin à l’interdiction d’entrer dans les ports européens. Signalons, par ailleurs, que ce sont les préfets de départements et/où les directeurs de grands ports maritimes qui sont en charge de l’application des sanctions portuaires.

Ayons bien conscience, aussi, que la présumée modification de son pavillon d’immatriculation ne changera pas la nature des liens du faux « dissident » Vladimir Martus avec l’Administration présidentielle russe, tels qu’ils ont été documentés par Laetitia Jacq-Galdéano.

Le Shtandart a déjà contrevenu, au moins à deux reprises, à l’interdiction interministérielle du 12 avril 2024. C’est une observation factuelle. Du 27 avril au 1er mai, il était à La Rochelle. Du 6 au 12 mai, il était à Fécamp pour une prestation commerciale au profit du festival Grand’Escale. Dans le même registre, on constate, qu’au 17 mai 2024, le Shtandart est toujours immatriculé sous pavillon russe et non pas sous pavillon de complaisance.

Tout aussi factuel est le pavillon de l’empire russe12 flottant en tête du grand mât du Shtandart. C’est un moyen de passer outre à l’interdiction d’exhibition du pavillon russe.

Shtandart avec pavillons La Rochelle, Au gré des vents
Le Shtandart à La Rochelle 30/04/2024.
Au gré des vents, pavillon impérial Shtandart
Pavillon de l’empire russe

Quand le Conseil européen déclare que le contournement des sanctions est un délit, ce n’est pas pour « polémiquer », mais pour ouvrir la porte à des poursuites pénales.

À la différence des directives européennes devant être transcrites dans les législations nationales, les règlements s’appliquent, immédiatement, sans modification, de façon identique, dans l’ensemble des États de l’Union. Le règlement européen n°833/2014 est donc la loi française pour ce qui est de l’interdiction d’accès, dans nos ports, des navires toujours immatriculés sous pavillon russe ou qui, depuis le 24 février 2022, ont troqué leur immatriculation russe contre celle d’un autre pays.

À partir du 28 novembre 2022, le contournement des sanctions européennes est un délit passible de poursuites pénales visant des individus et/ou des personnes morales.

Dans ce cadre, être un agent public (cf. préfet ou directeur de grand port maritime) est une circonstance aggravante.

Conclusion

Si « polémique » il y a, elle vient de la part de ceux qui se moquent des sanctions prises à la suite des massacres de Boutcha et promeuvent une fiction visant à « justifier » cette fraude. Les mêmes promoteurs de ce terme le mettent au service des intérêts russes du Shtandart à des fins de manipulation de l’opinion.

Pour terminer, nous souhaitons rappeler que le collectif No Shtandart In Europe n’a pas vocation à « critiquer ». Il n’a qu’un seul objectif, c’est celui d’obtenir l’application intégrale du 5e volet des sanctions dans le respect des valeurs républicaines prévoyant que la séparation des pouvoirs est le fondement de notre constitution. Ceci passe par la reconnaissance du principe incontournable disant que seul le pouvoir législatif écrit la loi. Le navire Shtandart est interdit dans les ports européens. Il n’appartient pas à des fonctionnaires de l’exécutif de dicter le droit au gré de pressions, d’intérêts personnels ou d’intérêts d’une puissance étrangère hostile. La France n’est pas la Russie. C’est une démocratie et un État de droit. Vladimir Martus, son réseau d’influence, les organisateurs de festivals maritimes, les municipalités, les préfets, les directeurs des grands ports maritimes et le Secrétariat général de la mer doivent le comprendre au lieu de polémiquer.

Pour plus d’information, il est possible de consulter le site web du collectif No Shtandart In Europe, https://bit.ly/No-Shtandart, et de télécharger la brochure : Pourquoi le port de La Rochelle est-il occupé par le navire russe Shtandart ?

  1. Russia Vs World, 10/02/2023 – Ukrainophobic activist Michel Balique and sanctioned Russian ship still in France. ↩︎
  2. No Shtandart In Europe, 24/04/2024 – Amis des Grands Voiliers, Michel Balique canonne Ouest-France et fait plouf. ↩︎
  3. No Shtandart In Europe, 26/04/2024 – Amis des Grands Voiliers, un réseau d’influence au service de la frégate russe « Shtandart » ? ↩︎
  4. Paris Normandie, 08/01/2023 – Armada 2023 : à Rouen, le navire russe « Shtandart » cible d’une polémique. ↩︎
  5. La Croix, Raphael Baldos, 18/03/2023 – Dans le Morbihan, un collectif s’oppose à la venue d’un navire russe. ↩︎
  6. Ouest-France, Arthur Quentin, 23/08/2023 – Le navire russe « Shtandart » a-t-il le droit d’entrer dans les ports français ? ↩︎
  7. Hit West, Gianni Castillo, 06/09/2023 – La Rochelle. Peut-on autoriser l’entrée du navire russe « Shtandart » dans les ports français ? ↩︎
  8. Le Télégramme, 23/04/2024 : « Le Shtandart n‘est plus autorisé à faire escale en France sauf s’il change de pavillon. Il s’agit d’une décision interministérielle qui date de mi-avril », indique le bureau de la représentation de l‘État et de la communication interministérielle. ↩︎
  9. Sud-Ouest 27/04/2024 : Reste que le vent de la position officielle de l’État français tourne : plus d’accueil de la frégate sauf changement de pavillon… Dans le service placé sous l’autorité directe du Premier ministre et que dirige l’ancien préfet de police de Paris Didier Lallement, on explique le nouveau tour de vis : « le contexte international a changé entre la France et la Russie, il s’est durci. Nous voulons éviter les troubles à l’ordre public » que pourrait provoquer la présence du pavillon russe dans un port français… Dans les faits, la mesure ne s’imposera au « Shtandart » qu’au lendemain de l’escale qui doit le poser une nouvelle fois à La Rochelle, entre dimanche 28 avril et jeudi 2 mai. Dérogation que l’autorité justifie par le fait que la décision restrictive prise le 12 avril était rapprochée de cette escale prévue au cours de laquelle des enfants embarqueront sur le navire. « Mais, prévient-elle, pour Fécamp où il doit être le 8 mai, il faudra qu’il ait changé de pavillon, sinon il sera interdit. » ↩︎
  10. Nord-Littoral 02/05/2024 : Le Shtandart est bel et bien enregistré en Russie. Et tant que cela sera le cas, il ne pourra plus accoster en France, a-t-on donc tranché au sommet de l’État. «Le Shtandart a fait Sète, Bordeaux et la Rochelle, il était prévu à Fécamp début mai, mais il ne pourra pas venir, sauf à renoncer au pavillon russe. » ↩︎
  11. Le Télégramme, 07/05/2024 : Le bureau de la représentation de l’État et de la communication interministérielle (Breci) des Côtes-d’Armor a signalé aux organisateurs paimpolais que « le Shtandart n‘est plus autorisé à faire escale en France sauf s’il change de pavillon. Il s’agit d’une décision interministérielle qui date de mi-avril 2024 ». Les organisateurs de Fécamp Grand’Escale assurent de leur côté qu’il arrivera chez eux sous pavillon de complaisance. ↩︎
  12. En 1700, Pierre Ier abandonne le « drapeau du tsar de Moscou » et adopte comme étendard un drapeau fondamentalement nouveau : une étoffe jaune avec un aigle bicéphale noir tenant dans son bec et ses pattes les cartes des quatre mers auxquelles la Russie a accès (Noire, Caspienne, Baltique, Blanche). ↩︎

Publié par Bernard Grua

Graduated from Paris "Institut d'Etudes Politiques", financial auditor, photographer, founder and spokesperson of the worldwide movement which opposed to the delivery of Mistral invasion vessels to Putin's Russia, contributor to French and foreign media for culture, heritage and geopolitics.

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