En France, les commentaires ne manquent pas pour blâmer la suspension du parlement britannique prévue par Boris Johnson entre le 9 septembre et le 14 octobre 2019. La reine Elisabeth II y a donné son accord le 28 août 2019. Cette dernière est, elle-même, parfois mise en cause dans ce qui est considéré comme une dérive autoritaire. Et pourtant, c’est aller un peu vite en besogne en ignorant le fait que la démocratie, au pays de sa gracieuse majesté, dispose d’une ancienneté et d’une résilience bien plus importante que la nôtre.
Des institutions incapables, depuis trois ans, d’appliquer un mandat populaire
«La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple» disait Abraham Lincoln, cité par le Général de Gaulle. Le 23 juin 2016, il y a plus de trois ans, un référendum, concernant l’ensemble de la population britannique, en âge de voter, s’est prononcé. Avec 52 % des voix, et une participation massive de 72 % du corps électoral, le peuple souverain a demandé à sortir de l’Union européenne.
À Londres, le gouvernement précédant celui de Johnson, ainsi que le Parlement, avaient pour mission de mettre en œuvre ce Brexit. Ils ont échoué. Après des mois, des années, de louvoiements, la Grande-Bretagne en est toujours au point de départ. Tout ce qui devait être dit a été dit. Tout ce qui pouvait être envisagé ne l’a pas été. Quelques semaines de plus ne changeront rien à l’affaire.
Les plus remontés contre le Brexit ont fait connaître les imparfaites conditions d’information de ceux qui ont été appelés à se prononcer. On a parlé d’organiser un autre référendum. Des mesures ont-elles été prises en ce sens? Non. Il est temps d’en finir pour la Grande-Bretagne. De son côté, l’Union européenne doit sortir de ce cirque et passer à des projets d’avenir.
Un establishment parisien, dans l’incompréhension et jouant les vierges outragées
Boris Johnson se montre déterminé à mettre en œuvre la décision du peuple britannique. Il en a le mandat impératif. Il le fera en dehors des jérémiades de ceux qui s’en sont avérés incapables, à savoir le corps parlementaire. Ce dernier pourra aller à la cueillette aux champignons. Nous serions bien mal avisés d’en contester la méthode. La France serait, de plus, très mal placée pour donner des leçons eu égard au sort qu’elle a réservé aux référendums sur la Constitution Européenne et sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes. D’autres ne manqueront pas de se souvenir de la désinvolture avec laquelle le Conseil Général de Loire-Atlantique, la Région Pays de la Loire et l’Elysée ont traité les plus de 100 000 signatures (10 % du corps électoral) demandant un référendum sur le retour du département à la Région Bretagne dans le cadre de la loi « NOTRe ». En France, les technocrates et les machines partisanes parisiennes décident. Le peuple ? Il la ferme. Ou bien, il se prononce seulement pour une «consultation», dont on se fout royalement. Ce brillant concept, inconnu de Montesquieu et des Lumières, s’appelle la « démocratie participative » avec son pendant, la crise des Gilets Jaunes.
La rancune, de ce côté-ci du « Channel »
Que l’on soit pour ou contre le Brexit, que l’on aime ou que l’on n’aime pas Boris Johnson, ce dernier donne une leçon de démocratie à l’Etat jacobin autoritaire et sclérosé, qu’est la France, dont la plus belle caricature se trouve au pays de Vladimir Vladimirovitch, le Guébiste et nouveau pote de Macron, après la mise en scène de Brégançon. Cela donne une raison de plus de haïr Johnson en lançant un bad buzz de surenchère anglophobe. Et alors ? Certains divorces sont incontournables. Qui a dit qu’ils devaient nécessairement bien se passer ?